Avant de se lancer dans un investissement, il est utile de se poser un certain nombre de questions de manière à limiter les risques d'erreurs et de déceptions financières.
Question n°1 : Qu'est-ce que j'achète ?
La première question à se poser pour un investisseur est simple mais essentielle : quel type de produit d'investissement suis-je en train d'acheter ? (S'agit-il d'une participation au capital d'une entreprise (action, crowdequity) ? Dans ce cas, je serai propriétaire d'une partie de l'entreprise et la rentabilité de mon investissement dépendra fortement de la croissance de cette entreprise, qui dépend notamment de la conjoncture économique. S'agit-il au contraire du financement d'une dette (obligation, crowdfunding classique) ? Dans ce cas, je serai propriétaire d'un titre financier à rendement fixe qui ne me rapportera pas plus si l'entreprise va mieux. S'agit-il enfin d'une part de fonds (OPCVM, FCPI, SCPI) géré par une société de gestion spécialisée ? Dans ce cas, comment sont investis les encours du fonds (actions, obligations, private equity, immobilier) et quel est le niveau des frais ?
Question n°2 : Quel rendement puis-je attendre ?
La question du rendement attendu est utile pour deux raisons : d'une part, elle permet de comparer différents types de placements, d'autre part, elle peut permettre de fixer un objectif de revente, notamment sur les marchés actions. En ce qui concerne les placements à taux fixe (livrets réglementés, fonds en euros d'assurance-vie, marchés obligataires, crowdfunding), le rendement est connu à l'avance par l'investisseur qui peut les comparer entre eux pour choisir le plus rémunérateur. Attention : les placements les plus rémunérateurs sont généralement les plus risqués.
Beaucoup d'autres classes d'actifs n'offrent pas de rendement fixe (actions, private equity), et l'investisseur ne peut ici qu'estimer le potentiel de hausse futur. Il peut dans ce cas être utile de fixer un objectif de performance à atteindre au-delà duquel la participation dans un investissement sera revendue. Il peut par exemple être rationnel de se fixer un objectif de cours à atteindre lors d'un placement en actions, et de s'y tenir.
Question n°3 : Quels sont les risques de pertes ?
Allant de paire avec la question du rendement attendu, l'investisseur doit également se poser la question des risques d'un investissement. L'investissement peut-il perdre 10%, 30%, 50% de valeur, voire davantage, en cas de scénario noir ? Est-il possible de perdre la totalité du capital investi et sous quelles conditions ? Cette question est également inhérente à la volatilité de chaque classe d'actifs : plus une classe d'actifs est volatile, plus elle est risquée. On peut ainsi globalement classer les différentes classes d'actifs par niveau de risque de la manière suivante (de la plus risquée à la moins risquée) : crypto-monnaies, private equity, crowdfunding, actions cotées, OPCVM, SCPI, obligations, fonds en euros d'assurance-vie, livrets réglementés.
Question n°4 : Quelle est l'activité de l'entreprise que je finance ?
Une fois passées les questions liées au type de produit financier que l'on achète, la première question à se poser est celle de l'activité de l'entreprise dans laquelle on investit, aussi bien lorsqu'il s'agit d'acheter des actions que de participer à une campagne de crowdfunding par exemple. Il est en effet important de comprendre dans quoi l'on place son argent. Pour un particulier, il est naturellement impossible de connaître l'entreprise en détails pour en estimer le potentiel de croissance à court ou long terme.
Néanmoins, il est utile d'essayer de comprendre sur quel secteur l'entreprise est présente, comment elle parvient à réaliser son chiffre d'affaires et si elle parvient, ou non, à dégager des bénéfices (ce qui n'est généralement connu que pour les entreprises cotées). Très concrètement, un investisseur doit éviter d'investir dans une entreprise dont il ne comprend pas la manière dont celle-ci parvient à gagner de l'argent.
Question n°5 : Quel est le risque de faillite de l'entreprise ?
Dans la suite logique de la question précédente, l'investisseur a tout intérêt à essayer de comprendre si l'entreprise dans laquelle il investit présente un risque de faillite. Il est souvent très difficile de répondre à cette question, mais quelques réflexes simples peuvent permettre d'y répondre. Existe-t-il des concurrents connus ayant également fait faillite ? L'entreprise est-elle citée dans les médias comme ayant des problèmes graves d'ordre juridique ou financier ? L'entreprise est-elle active sur un secteur très récent dont la rentabilité à long terme reste incertaine ?
Question n°6 : Suis-je en train de participer à une bulle spéculative ?
Beaucoup de particuliers peuvent être poussés à investir sur des coups de tête pour "surfer" sur une tendance de marché dont ils ont entendu parler. Depuis quelques années, s'est par exemple développé le sujet des crypto-monnaies et notamment du Bitcoin. Attention à bien se renseigner sur le fonctionnement de ces marchés et à trouver de bonnes raisons d'y placer son argent pour éviter de participer à de simples bulles spéculatives. Historiquement, les actions sont l'une des classes d'actifs les plus sujettes aux bulles spéculatives. En période de taux bas, des bulles sont susceptibles d'apparaître sur plusieurs classes d'actifs : il convient donc d'être vigilant.
Question n°7 : Puis-je faire confiance à la plateforme qui organise l'investissement ?
Cette question se pose pour les investissements organisés à travers une plate-forme centralisatrice, notamment dans le domaine du crowdfunding. Il est notamment important de vérifier la fiabilité des critères de sélection des projets d'investissement retenus par la plateforme. En France, les platesformes de crowdfunding sont soumises aux règles de l'AMF et appliquent généralement un processus de sélection très strict dans le choix des projets qu'elles proposent de financer, ce qui élimine a priori le risque d'arnaques. Il convient en revanche de rester vigilant en ce qui concerne les plates-formes actives à l'étranger, qui peuvent être soumises à des règles de contrôle beaucoup plus faibles, notamment dans le domaine des ICO où la réglementation reste inexistante à l'heure actuelle.
Question n°8 : Mon investissement est-il éthique ou utile pour la société ?
C'est une question que les investisseurs ne se posaient pas il y a encore une dizaine d'années. Dans un contexte de prise de conscience des actuels défis environnementaux et sociétaux, la recherche d'investissements socialement responsables s'est désormais accrue. De plus en plus d'investisseurs choisissent ainsi leurs investissements non plus seulement en fonction du rendement qu'ils en attendent, mais également en fonction de critères éthiques. Sont ainsi généralement éliminés du spectre d'investissement les secteurs polluants (pétrole, industrie lourde), dégradants pour la santé (tabac), ou pouvant faire l'objet de fortes controverses (banques). Sont au contraire privilégiées les entreprises liées au développement durable.
Question n°9 : Suis-je bien diversifié ?
Après avoir réalisé plusieurs investissements, il convient de se poser la question de la diversification. Les différents investissements ont-ils été réalisés sur une seule classe d'actifs ? Si c'est le cas, quelles autres classes d'actifs pourraient convenir pour une meilleure diversification des risques ? En effet, il est important de se poser la question de la corrélation entre classes d'actifs afin de réduire le risque global pris par l'investisseur, sans nécessairement réduire son rendement à long terme. Il évite surtout de subir une très forte perte due à un pari unique sur une classe d'actifs en mauvaise posture ou sur une entreprise en faillite.
Question n°10 : Comment mes bénéfices seront-ils imposés ?
Cette dernière question est essentielle pour optimiser un investissement. La fiscalité des bénéfices peut en effet modifier l'intérêt d'investir sur certaines classes d'actifs. Historiquement, en France, il a longtemps été fiscalement peu intéressant d'investir en-dehors d'un PEA ou d'une assurance-vie, ce qui a notamment limité l'intérêt d'investir en crowdfunding ou dans des actions américaines détenues en direct. A partir de l'an prochain, la "flat tax" voulue par Emmanuel Macron devrait aligner la fiscalité de nombreux placements et rendre désormais attractifs des placements qui ne l'étaient pas jusqu'ici.