La plupart des acteurs du milieu de la mode connaissent le nom de Miroslava “Mira” Duma comme celui d’une des it-girls moscovites apparues ces dernières années pour arpenter les fashion weeks aux côtés de la designer Ulyana Sergeenko, la mannequin Natalia Vodianova, etc.
Née en Sibérie en 1985, ses premiers jobs la mènent de l’édition russe d’Harper’s Bazaar, à celle de Vogue puis au Tatler. Des magazines occidentaux exportés qui connurent rapidement un succès éclatant dans un pays prêt à embrasser pleinement les produits de luxe.
En cherchant plus de sens à son amour de la mode et des vêtements Mira Duma va rapidement lancer sa première entreprise : Buro 24/7.
Le succès de Buro 24/7
C’est en 2011, alors qu’elle s’implique pleinement dans le lancement de Forbes Woman en Russie qu’elle a sa première épiphanie.
“J’ai pensé : nous passons tous notre journée le nez sur nos smartphones, pourtant il n'existe pas de plate-forme unique pour trouver et lire tout ce dont j'ai besoin : le cinéma, la culture, la santé, la mode, l'art et l’art de vivre, etc.”
Elle crée alors Buro 24/7 avec une amie d’enfance. Le site est immédiatement reconnu par les marques comme un portail d’entrée inespéré leur permettant d’accéder directement aux marchés émergents de la mode, non seulement en Russie mais au Mexique, au Moyen-Orient et en Australie où la fondatrice a vendu des licences de la plate-forme notamment au magnat de la presse Rupert Murdoch. Depuis, le site capte une grande partie du marché russe des médias de la mode et de l’art de vivre, et selon The Business of Fashion se classe second derrière Elle Russia avec 4,9 millions de visites par mois en Russie seulement.
Malgré tous ses efforts et le succès évident de Buro 24/7, Mira Duma se sent toujours à la recherche de quelque chose de plus. Un jour, assise au premier rang d’un défilé, entourée par, comme elle les appelle, « de jolie filles au visage figé dans des expressions graves, comme si elles allaient sauver le monde », elle se prend à penser : « Ok les amis, ça suffit, nous ne sauvons la vie de personne ici ». Mais ce n'est qu'après avoir découvert que la mode était l'une des plus grandes causes de pollution au monde (pour produire un t-shirt et une paire de jeans, il faut environ 20 000 litres d'eau), qu’elle trouve sa nouvelle vocation et que Fashion Tech Lab voit le jour.
“Je ne pouvais pas continuer à être une petite partie de cette grande propagande des produits de luxe. Il ne faisait pas sens pour moi d’appartenir à ce monde à moins que je fasse quelque chose pour le changer.”
De l’entrepreneuriat à l’investissement, Fashion Tech Lab
La société lancée au mois de Juillet repose sur trois piliers, explique-t-elle :
"C’est un hybride entre une société d'investissement, un accélérateur et un laboratoire expérimental."
Nous recherchons les plus grands ingénieurs et scientifiques du monde. En Corée et au Japon, par exemple, il y a beaucoup de choses qui sont développées dans les panneaux solaires qui fonctionnent avec la science des matériaux, la nanotechnologie, la biotechnologie, les textiles intelligents et les wearables. Nous sélectionnons les projets et investissons chez eux l'argent que nous levons auprès des investisseurs.”
La plupart des nouvelles innovations que Duma explore avec FTL ressemblent à de la science-fiction : il y a les foulards "qualité Hermès" fabriqués à partir d'agrumes recyclés (Ferragamo vient de lancer une collection); le cuir cultivé à partir de cellules souches, "donc pas d’animaux maltraités"; les chemisiers à base de protéines de lait hydratant ou encore les T-shirts infusés avec de l'huile de menthe poivrée "anti-microbienne" qui peuvent être portés jusqu'à 20 fois "sans aucune mauvaise odeur". La mission avouée de FTL est d'empêcher l'industrie de la mode d'être la deuxième industrie polluante après le pétrole. Le premier événement de FTL aura lieu au cours de la Semaine de la mode de Paris en octobre, et Delfina Delettrez Fendi (créatrice de bijoux italienne) a été nommée commissaire créatif en chef de l’exposition. Elle a été chargée de présenter les technologies les plus novatrices de FTL de manière «inhabituelle et spectaculaire».
Un programme ambitieux et une investisseur passionnée, définitivement à suivre ces prochaines années.
L'investisseur à suivre suivant : Ashton Kutcher
Découvrir Fashion Tech Lab - Sources de l’article : Porter Magazine, Fall 2017
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Crédit Cover Photo : Inho Ko