Au sein d’Anaxago, nous surveillons avec vigilance l’évolution du COVID-19 et ses impacts au quotidien sur l’économie. En lien avec des milliers d’investisseurs, nous sommes en 1ère ligne pour constater les effets de l’épidémie sur le moral des investisseurs et les risques sur leurs portefeuilles.
Face à une situation inédite, nous vous proposons ci-dessous quelques éléments de réponse et de réaction pour gérer au mieux une épidémie que nous savons désormais installée pour 3 à 4 mois (cf. graphique de diffusion de l’épidémie ci-dessous).
Sommaire :
La situation à date
Face à l’incertitude : se projeter et scénariser le futur
Comparaison n’est pas raison : 2008, d’une crise de surendettement des ménages à un écroulement soudain de la demande
Quel impact pour le portefeuille Anaxago
Nos conseils sur la gestion de son épargne
La situation à date
Une chose est certaine, nous ne sommes pas en mesure de prévoir aujourd’hui l’impact réel qu’aura le coronavirus sur l’économie mondiale et sur notre quotidien.
Toutefois, pour prévoir et planifier au mieux, nous faisons ci-dessous un point sur ce que nous savons avec certitude, et listons les contraintes connues et les obligations de chacun pour mieux anticiper et sortir de la peur de l'inconnu.
Ce que nous savons
Une épidémie se diffuse sur une période de 8 à 12 semaines une fois installée sur l’ensemble d’un territoire (la fameuse phase 3 du gouvernement tant attendue), il n’y a donc à priori aucune bonne nouvelle à attendre avant 1 mois ;
Aucune étude sérieuse ne permet d’assurer fermement que l’arrivée du printemps et de l’été pourrait mettre fin à l’épidémie ;
C’est une mauvaise grippe pour l’essentiel de la population mais dangereuse pour les personnes à risque (personnes âgées, récemment opérées, asthmatiques etc.) avec un risque de mortalité plus élevé ;
Contraintes connues et obligations de chacun
La première responsabilité d’une entreprise est d’assurer la sécurité et de préserver la santé de ses salariés, ce qui explique que de nombreuses sociétés mettent en place du télétravail ou annulent les manifestations et évènements prévus, par mesure de précaution.
Le premier objectif de l’État est de freiner la propagation de l’épidémie pour limiter le nombre de décès tout en préservant les capacités d’accueil et de traitement des centres médicaux et hospitaliers (cf graphique de The Economist relayé par TTSO).
L’impact sur le moral (et la consommation au sens large) est corrélé à la couverture médiatique du sujet.
L’impact économique sera important pour le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, les transports, l’évènementiel et touchera en priorité les plus petites entreprises voyant plusieurs mois de chiffre d’affaires partir en fumée.
Face à l'incertitude et la peur de l’inconnu : scénariser le futur
Concernant l’évolution du virus, trois scénarios sont à envisager.
Le coronavirus pourrait prendre une place permanente au répertoire des virus récurrents, comme la grippe saisonnière ;
Il pourrait être éradiqué par des interventions de santé publique et disparaître (comme le SRAS) ;
Un vaccin pourrait être développé.
Dans ce contexte là, il semble probable que le virus, au même titre que la grippe saisonnière soit bientôt intégré et perçu comme un phénomène récurrent. Notre anxiété face à ce nouveau virus, finalement très similaire à la grippe, émane des contraintes inédites auxquelles nous pouvons désormais être soumis : l’isolement forcé et les quarantaines. En sus, la jeunesse de l’épidémie ne nous permet pas d’avoir de recul sur ses conséquences réelles.
Les scénarios envisagés
Au sein d’Anaxago pour gérer au mieux l’incertain et grâce aux éléments connus nous avons établi deux scénarios principaux. Ces derniers nous permettent à la fois de mesurer l’impact potentiel sur notre portefeuille de participations, adapter le suivi de ces dernières mais aussi de mieux conseiller nos investisseurs tout en identifiant les opportunités offertes par le contexte actuel.
Premier scénario : un phénomène passager mais avec de lourdes conséquences pour certains secteurs et un ralentissement global jusqu’à la rentrée 2020.
Dans ce scénario, l’épidémie est gérée ainsi que sa propagation grâce à l’ensemble des mesures prises. Un ralentissement sera attendu mais pas de risque sociaux importants grâce à notre système d’assurance chômage et de la mise en place des mesures gouvernementales (étalement des créances, chômage partiel etc.).
Deuxième scénario : un phénomène qui entraîne une récession en 2020 et une sortie de crise qui ne sera pas visible avant 12 mois.
Les défaillances d’entreprise, notamment les PME et les entreprises les moins capitalisées opérant dans les secteurs touchés comme le tourisme et la restauration pourraient s'accroître. Dans ce scénario, la chute des valeurs bancaires et la crainte d’un effet domino pourrait prolonger la morosité et la correction des marchés avec une baisse de la consommation réelle sur les 12 prochains mois.
Pour suivre le passage d’un scénario à l’autre, nous sommes vigilants à quelques indicateurs :
Les mesures prises par les gouvernements qui même si elles imposent un coup d’arrêt à l’économie, ont le mérite de chercher à limiter la durée de l’épidémie.
L’issue positive en Chine et la réouverture (réelle et massive) des usines, moyens de production et transports.
Le niveau de couverture médiatique en France mais aussi à l’international
Le niveau de propagation du virus aux Etats-Unis et notamment dans les principales zones économiques (New York, Washington, San Francisco, Floride et les différents états industriels).
L’évolution du nombre de cas au quotidien.
Si les États-Unis devait être l’un des derniers pays de l’OCDE à connaître une expansion de l’épidémie au niveau national, il faudrait de la même manière compter 4 à 6 semaines pour atteindre le pic de l’épidémie puis encore 4 à 6 semaines pour connaitre une baisse significative du nombre de nouveaux contaminés.
En conséquence, il nous semble peu probable d’attendre de bonnes nouvelles avant le mois de juillet, sauf à très fortement limiter la propagation de l'épidémie et que le virus ne se répande pas au niveau national dans les principales économies mondiales (US, Angleterre, Canada, Inde, Brésil…). Le graphique ci-dessous démontre que l’épidémie, bien qu'atténuée, n'en est qu'à ses débuts et qu’il aura fallu deux mois avec des mesures extrêmes pour limiter sa propagation en Chine.
Évolution du nombre de cas en Chine et dans le monde
Comparaison n’est pas raison
Si les marchés boursiers ont démontré une très grande résilience en 2019 et 2020 en ayant su passer outre la guerre commerciale, le Brexit, l’ouverture de conflits armés entre les États-Unis et l’Iran et atteindre les plus hauts depuis 2007 ; ils n’ont pas résisté à une vraie crise de demande.
Nous voyons apparaître de plus en plus de comparaisons avec la crise financière de 2008. Or à la différence de 2008, nous assistons à un soudain ralentissement de la demande et des capacités de production bien plus qu’à une crise systémique et financière. La population voyage moins, les usines chinoises ont connu un brusque coup d’arrêt, des populations entières sont en quarantaine (dont 60 millions de personnes en Italie, soit la totalité du pays), les rassemblements (professionnels comme festifs) sont suspendus un peu partout dans le monde. Autant d’impacts réels sur l’économie à venir.
Si les conséquences peuvent être importantes dans les secteurs durement touchés comme la restauration, les transports, l’hôtellerie, l'événementiel ou le tourisme, les mesures d’accompagnement mises en place par le gouvernement, et notamment le recours au chômage partiel pourraient limiter l’impact social de la crise.
Le véritable risque résidant dans un phénomène de défaut en chaîne des entreprises. Notamment pour les entreprises qui voyant 3 à 5 mois de chiffre d’affaires disparaître, seront contraintes faute de trésorerie de mettre la clef sous la porte. C’est donc principalement le tissu des PME locales dans ces secteurs qui seront les plus touchées.
Quel impact pour le portefeuille Anaxago ?
Au sein d’Anaxago nous sommes spécialisés dans des marchés décorrélés des marchés financiers (promotion, réhabilitation immobilière, entreprises innovantes). Si aucun effet direct n’a été mesuré à date, il convient d’analyser les impacts potentiels.
Concernant nos participations dans l'immobilier, nous pouvons anticiper les changements ci-dessous :
Un ralentissement des chantiers notamment dans les régions les plus touchées. Cela pourrait avoir un impact sur les dates de livraison des chantiers dont la livraison doit intervenir au cours du prochain semestre, sans toutefois remettre en cause la rentabilité des opérations.
Un potentiel ralentissement des financements des acquéreurs particuliers (même si les banques sont vivement incitées à soutenir activement l’activité par les pouvoirs publics).
Des potentiels décalages dans les délais d’obtention des autorisations administratives (accentués par la période d’élections municipales).
Des délais bancaires dans la libération des crédits d’acquisition et donc des appels de fonds décalés.
Au sein du portefeuille de plus de 70 participations actives en private equity immobilier, nous identifions un potentiel impact sur les dates de livraison mais aucune influence à date sur la solvabilité des affaires. La situation actuelle et la force majeur en cours devraient éviter l’application de pénalités de retard, notamment pour les ventes en bloc en cours.
Concernant les investissements dans des entreprises innovantes, un nombre de mesures a été communiquées aux sociétés pour s’assurer de disposer d’un maximum de visibilité en cas d’impact direct sur le chiffre d’affaires.
Parmi ces mesures : étalement des charges fiscales, sécurisation des financements en cours, réajustement des budgets annuels pour prendre en compte un potentiel ralentissement etc. Globalement exposé dans les domaines de la santé, des proptech (technologies en lien avec l’immobilier) et les services aux entreprises, le portefeuille Anaxago n’est pas exposé en première ligne aux conséquences directes de l’épidémie.
Dans ce contexte, comment gérer son épargne ?
On n'essaie pas d'attraper un couteau qui tombe...
Le fameux adage bien connu des professionnels des marchés financiers. Pour les clients fortement exposés en bourse, le mal est fait. Si les dividendes des principales entreprises pourront être revus à la baisse, les niveaux de rendement actuels des principales entreprises du CAC40 sont anormalement hauts et les PER (multiple du résultat net) particulièrement bas après une chute de près de 30% de certaines valeurs, notamment dans le secteur bancaire et industriel. En conséquence se pose la question d’une anticipation des marchés sur les effets réels de l’épidémie sur les résultats des entreprises.
Si aucun arbitrage n’a été fait au moment des prémices du développement COVID-19, nous recommandons d’attendre et de fermer les écrans Boursorama pour réduire votre charge mentale…
L’indice de la peur (VIX) indique par ailleurs des niveaux de volatilité importants, il faut donc s'attendre de grands mouvements baissiers et/ou haussiers dans les prochaines semaines.
Par conséquent si vous n’avez pas vendu au son du canon, nous vous recommandons de faire le dos rond.
La pierre, l’innovation et la pierre
Quel que soit le scénario, nous pensons que structurellement, le non coté et l’immobilier restent des marchés refuges notamment dans le contexte d’incertitude qui s‘ouvre sur les marchés boursiers.
Du côté de la promotion et des logements neufs, la demande reste vive et fait face à une offre au ralenti (-14% de logements mis en vente en 2019 et -7% de permis délivrés sur la période). Cette tension provoque une hausse des prix des logements neufs et des stocks qui atteignent des niveaux bas partout en France. Il y a fort à parier qu’une fois les municipales passées, l’offre accélère dans le neuf grâce aux nouveaux permis de construire octroyés.
Concernant l’immobilier ancien et l'immobilier tertiaire, la demande reste dynamique sous l’effet du Brexit et de la forte présence d’investisseurs institutionnels français et étrangers (coréens en tête). Les transactions en France atteignent des records, notamment à Paris dans le commerce (cf. transaction immeuble Nike des Champs-Elysées).
La vague de rénovation du parc immobilier français est un phénomène de fond et durable qui permet de répondre en partie aux challenges environnementaux que rencontre l’industrie du bâtiment.
Pour ces raisons, nous pensons qu’une ré-allocation dans le non coté permettra de passer la période d’incertitude plus sereinement.