Une newsletter dédiée à l'investissement et aux finances personnelles, chaque dimanche dans vos emails. Avec un zeste de lifestyle et recommandations gourmandes et culturelles pour agrémenter le tout !
80 milliards
Bonjour à tous,
80 milliards, le chiffre est tombé ça y est. C’est le montant des dividendes versés en 2022 par les entreprises du CAC 40 (80,1 plus précisément : 56.5 milliards de dividendes et 23.6 milliards de rachats d'actions), en hausse de 15,5% versus le précédent record de distribution. Le grand méchant dividende, celui qu’on associe parfois directement en France à la rémunération maléfique d’une poignée d’actionnaires et dirigeants cyniques. Vraiment ? Nos amis de Spoune ont traité le sujet en novembre dernier dans une newsletter éclairante de simplicité et que j’avais envie de partager avec vous depuis longtemps. Détails ci-dessous.
La famille d’abord ! Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde (il vient de repasser devant notre ami Elon Musk), a nommé sa fille, Delphine Arnaud, à la tête de la deuxième plus grande marque du groupe LVMH et son vaisseau amiral historique : Christian Dior couture. Pourquoi je vous en parle ? Parce ce que ce fleuron industriel français est avant tout une histoire de famille et que si l’organisation de la succession de Bernard Arnault a tout du mauvais feuilleton télévisé (concurrence entre les enfants de deux mariages, etc.) elle dessine les contours du futur d’un des grands champions du CAC 40 (en tête de ceux qui tirent les performances évoquées ci-dessus d’ailleurs…).
L’occasion aussi, si vous aimez les histoires (vraies) de successions, de vous recommander un très bon bouquin lu récemment.
L’opportunité de la semaine n’est pas encore sortie, elle n’est pour l’instant accessible qu’à ses investisseurs historiques car elle concerne une participation existante du portefeuille Anaxago et nous offrons à ces derniers un droit de regard prioritaire sur le dossier. Elle sera en revanche mise en ligne dès jeudi pour ceux d’entre vous qui s’intéressent à nos opportunités d’investissement dans les Startups !
Je n’ai pas grandi en regardant Sissi comme beaucoup des jeunes femmes nées dans les années 80, mais sur les bons conseils de ma belle mère j’ai plongé tête la première dans la version revisitée des aventures d’Élisabeth de Wittelsbach (le vrai nom de la dame) récemment proposée par Netflix. Bon je regarde ça en allemand sous-titré allemand pour me donner bonne conscience (et l’impression que cet Erasmus en 2010 ainsi que les 5 ans passés à étudier la langue de Goethe n’ont pas été vains) mais c’est pas mal du tout, un peu rock et bien amené, la violence et la misère qui règnent à Vienne et partout en Europe au même moment ne sont pas ignorés, ni les soulèvements qui s’annoncent à l’aube de cette seconde moitié du 19ème siècle.
J’ai presque terminé le troisième épisode (je regarde lentement, l’allemand que voulez vous…) et pour l’instant je passe vraiment un très bon moment. Je vous souhaite un excellent weekend !
L'OPPORTUNITÉ DE LA SEMAINE
#startup #proptech
L'opportunité de la semaine concerne donc l'une de nos participations historiques à laquelle nous renouvelons notre confiance pour un nouveau tour de table. Les actionnaires historiques sont pour l'instant prioritaires sur cette opération qui vous sera communiquée dès jeudi soir. D'ici là je vous invite à lire cette très bonne newsletter qui traite - entre autres - du marché proptech en France et dans le Monde. Une bonne préparation avant le dossier d'investissement de jeudi !
LA FAMILLE D'ABORD
Un sujet Aktionnaire
Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde, a nommé sa fille Delphine à la tête de la deuxième plus grande marque de LVMH : Christian Dior couture.
Pourquoi on en parle ? LVMH, l’empire de la mode qui pèse près de 390 milliards de dollars, est avant tout une histoire de famille. Les cinq enfants du milliardaire travaillent au sein du groupe, et Bernard Arnault poursuit sa stratégie pour préserver le contrôle de la dynastie sur l’empire qu’il a bâti.
•« La nomination de Delphine Arnault marque la poursuite d'un parcours d'excellence dans la mode et la maroquinerie, d'abord chez Christian Dior pendant douze ans puis chez Louis Vuitton ces dix dernières années où elle était numéro deux de la Maison », a déclaré Bernard Arnault.
Pourquoi ces changements ?
La promotion de D. Arnault arrive un mois après la promotion d’Antoine Arnault, le fils aîné, au poste de directeur général et vice-président de Christian Dior SE, la holding par laquelle la famille contrôle l’empire. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Le départ à la retraite à 64 ans, Bernard Arnault s’en fiche : l'an dernier, LVMH a levé la limite d'âge de son PDG pour permettre au patriarche de rester aux commandes jusqu'à ses 80 ans. Et en juillet dernier, l’homme d’affaires français a avancé ses pions pour préserver la mainmise de la dynastie sur l’empire.
Grâce à une structure juridique digne des plans de El Professor (pour la réf c'est ici
), B. Arnault s’est assuré les pleins pouvoirs chez LVMH, mais a aussi organisé la structure de sorte que seuls ces cinq enfants et leurs enfants puissent prendre le relais. Et pour terminer la masterclass, les titres d'Agache Commandité (holding de la famille et pilier de la structure) seront incessibles pendant 30 ans. Seuls des descendants en ligne directe de B. Arnault pourront détenir des actions après cette période.
Bref : l’action LVMH a atteint un plus haut historique après l’annonce de ces changements. Le défi pour la nouvelle dirigeante sera de maintenir la croissance de la marque phare de LVMH dans un environnement qui s'annonce plus tendu en 2023.
Illustration de l'article : Paris, juillet 1957, avenue Montaigne : Christian Dior prépare une nouvelle collection © @Jack Garofalo/Paris Match
LE GRAND MÉCHANT DIVIDENDE
Spoune
De la même manière que le salaire rémunère le travail des salariés, les dividendes rémunèrent le capital investi par les actionnaires (comme les intérêts pour les prêteurs).
Le capital de qui, exactement ? Aux premières heures du capitalisme, celui de métiers bien spécifiques. Exemple : les armateurs hollandais qui finançaient un clipper pour les Indes. Si le bateau coulait, ils perdaient tout. Si le bateau revenait, ils se partageaient les bénéfices à hauteur de leur participation au financement.
Aujourd’hui ? Great news : plus besoin d’être armateur hollandais pour toucher des dividendes. Selon cette étude, les petits porteurs détiendraient entre 10 et 30 % du CAC 40, dont 7,8 % directement dans leur compte-titres ou leur PEA, le reste à travers des placements logés dans leur assurance-vie, par exemple.
Et pourtant nombre des plus grosses boîtes du monde ont mis du temps à verser des dividendes (ou n'en ont jamais versé)
- Google ? jamais versé de dividende
- Amazon ? jamais versé de dividende
- Facebook ? premiers dividendes en 2018
- Apple ? premiers dividendes 2012 (36 ans après sa création, même s’ils se sont bien rattrapés depuis)
Et c’est parce qu’elles ont préféré un autre mécanisme pour attirer les investisseurs : à la place de distribuer leurs profits (et au passage de payer de l’impôt), elles préfèrent les réinvestir pour croître et augmenter la valeur de leur entreprise – et donc rémunérer leurs actionnaires à travers la plus-value. Pour un investisseur, rechercher les dividendes ou la plus-value sont deux approches complètement différentes.
Les dividendes
- Fréquence : tous les ans, aussi longtemps que l’actionnaire détient le titre
- Rendement potentiel : 2,3 % par an en moyenne (France 2021)
- Profil d’entreprise : mature, croissance faible
La plus-value
- Fréquence : one shot, au moment où l’on revend son titre
- Rendement potentiel : +500 % pour Facebook ou Amazon entre 2013 et 2018
- Profil d’entreprise : scale-up ou entreprise à fort potentiel de croissance
Pour résumer, on pourrait même dire que le dividende se base sur la performance passée (puisque l’entreprise distribue une part de son résultat effectif), tandis que la plus-value dépend surtout de la performance future de l’entreprise, telle que l’estiment les marchés (le meilleur exemple de ça étant… Tesla).
Lire l'intégralité du sujet chez Spoune
Illustration de l'article : Quentin Metsys, "Le mariage inégal" (détail), 1525-1530, huile sur panneau, 54x 89 cm, São Paulo Museum of Art (São Paulo, Brésil) - Wikimedia Commons (domaine public)
SUCCESSIONS
Histoires vraies sur la fabrique des héritiers
Des auteurs j'avais beaucoup aimé La Communauté, qui retrace l'histoire de la ville de Trappes. Leur nouveau livre est en réalité une compilation de deux grands formats du Monde, parus respectivement à l'été 2021 et l'été 2022, sur les grandes familles industrielles françaises et leur approche de la succession. 12 chapitres pour 12 familles, 12 histoires complètement différentes.
" Toutes ces familles m'ont passionnée", a confié l'une des auteurs. "Il y a des successions terriblement ratées. Celle de Lagadère, relève-t-elle, C'est assez fascinant de voir comment cet héritier a dilapidé en une génération l'héritage de son père, le flamboyant Jean-Luc Lagardère." "Donc c'était intéressant de comprendre les raisons psychologiques de cette destruction systématique, essayer d'en trouver des clés." La famille Arnault aussi est "fascinante" avec les cinq enfants qui travaillent au sein de LVMH, "un peu élevés comme des chevaux de course", avec à la fois "une entente organisée mais aussi une compétition larvée". "On ne sait pas lequel va diriger quand le père cessera de le faire." Il y a aussi Jérôme Seydoux, fondateur de Pathé, "qui a huit enfants mais aucun ne travaille avec lui et chaque fois qu'il fait monter un cadre, il le désingue au bout d'un certain moment,".
Et pour la première fois, les auteures ont pénétré l'univers très secret de la famille Mulliez, fondateurs d'Auchan, Decathlon et Leroy-Merlin notamment. "C'est une famille très très secrète. Ils sont 1 500 et ils ont des règles très strictes pour essayer de transmettre cette myriade d'entreprises de génération en génération,".
De tous les chapitres c'est sans doute celui qui m'a le plus marquée. Un livre à lire peut être rien que pour ça. Se procurer Successions.