Pour célébrer les succès en cascade du patron emblématique de Tesla Motors, Anaxago dresse pour vous son portrait d’investisseur pour le moins atypique...
Si pour vous, l’année 2020 ne s’est sans doute pas exactement déroulée comme vous l’aviez prévu, pour Elon Musk, tout semble aller comme sur des roulettes : Tesla est devenue la première entreprise automobile mondiale en terme de valorisation, et le bougre est désormais l'homme le plus riche du monde devant Mark Zuckerberg et Jeff Bezos…
Entrepreneur dans l’âme, essentiellement investi dans ses propres sociétés
Musk a 24 ans lorsqu'il abandonne ses études supérieures de physique à l'Université de Stanford en 1995 pour lancer sa première société, Zip2 Corporation - une société de médias en ligne qui fournit des cartes et des annuaires commerciaux aux journaux en ligne. Quatre ans plus tard, en 1999, Musk vend l'entreprise au fabricant d'ordinateurs Compaq pour 307 millions de dollars. À cette époque, c’est le montant le plus élevé jamais payé pour une entreprise Internet.
C’est grâce au produit de cette vente (une fraction : 10 millions de dollars), qu’Elon Musk finance le lancement de sa société de services financiers en ligne X.com qui fusionnera finalement avec Paypal avant que Musk ne cède sa participation (une sombre histoire d’ego malmené) en 2002 pour 1,5 milliard de dollars.
Vous avez compris le principe, et Elon Musk le revendique il n’investit que - et lourdement - dans les sociétés dans lesquelles il est co-fondateur et/ou particulièrement actif. Il considèrent qu’elles seules correspondent à ses critères de sélection et répondent à sa vision. Les entreprises de Musk fonctionnent d’ailleurs à certains égards comme un keiretsu japonais, un groupe de sociétés alliées avec des relations commerciales interdépendantes.
Aujourd’hui l’essentiel de son portefeuille est donc constitué des participations ci-dessous, d’autant qu’il a annoncé en mai 2020 qu’il comptait céder tous ses actifs immobiliers qui représentent aujourd’hui moins de 1% de sa fortune :
- Space X (dont il est CEO et lead designer) : astronautique et vol spatial
- Deepmind Technologies (exception, Musk a investi dans la société avant son rachat par Google en 2014) : entreprise britannique spécialisée dans l'intelligence artificielle.
- Tesla Motors (dont il est CEO et co-fondateur) : constructeur automobile de voitures électriques.
- The Boring Company (co-fondateur) : société de construction de tunnels.
- Solar City (énergies renouvelables).
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Ses critères d’investissement (outre sa présence dans l’entreprise)
1. Penser en dehors de la planète terre
Elon Musk se projette régulièrement dans un futur apocalyptique et cherche sans relâche des solutions alternatives à la vie sur la planète terre. Outre ses investissements dans Space X, et ses 50 lancements déjà prévus, la prochaine étape de son programme est de savoir comment lutter contre une colonisation sur Mars.
2. Regarder vers l’avenir et les problèmes de l’avenir, pas ceux d’aujourd’hui
Musk a déclaré l'année dernière à la California Public Utilities Commission qu'il y aurait des difficultés à l'avenir pour les entreprises de services publics existantes, en particulier celles qui s'intéressent fortement aux combustibles fossiles. «Mais nous n'avons pas le choix», dit-il.
Selon un rapport, pas moins de 80% de l’énergie mondiale provient de combustibles fossiles. Parce qu'ils sont une ressource limitée, ils ne sont pas viables. Musk se concentre donc sur la production de nouvelles sources d’énergie.
3. Investir à contre courant
Musk et deux organisations ont donné aux chercheurs en intelligence artificielle 7 millions de dollars pour explorer les ramifications qui pourraient découler de machines et de robots fonctionnant indépendamment dans la société, comme les voitures autonomes par exemple. Musk et d'autres craignent que l'intelligence artificielle, dans laquelle les machines imitent le comportement humain et prennent des décisions, puisse entraîner des conséquences imprévues sur la route pour l'humanité.
Malgré son aversion avouée pour le secteur, Musk se positionne sur le sujet. C’est aussi un moyen pour lui de sortir des sentiers battus en investissant à contre-courant.
4. Intégrer les start-ups dans son portefeuille d’investissement
Musk, est sans doute l’investisseur le plus exposé dans les startups au monde, mais c’est aussi l'homme le plus riche du monde.
Les investisseurs intéressés par les start-ups devraient visiter des sites Web tels que Anaxago.com ou www.AngelList.com pour trouver des entreprises dans lesquelles investir dans des secteurs qui les intéressent.
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Cash light mais assets rich
Musk a continuellement réinvesti ses plus values de cession dans le démarrage d’une ou plusieurs startups. Les analystes de portefeuille poussent les hauts cris face à à une telle stratégie (un taux de 2à 5% est recommandé pour le capital-risque dans une allocation de portefeuille normale), mais cela a toujours été le mantra de Musk. C’est comme s’il considérait que toute valeur nette générée par les ventes de startup était répartie sur ses autres actifs et réaffectée à l’investissement en capital-risque / innovation. Immédiatement après Zip2 et PayPal, il était déjà en train de fonder et de financer ses prochaines entreprises.
C'est le signe d'un investisseur confiant et cela donne à penser que Musk pense qu'il a un avantage à investir en lui-même ou en d'autres en tant que Business Angel. Il estime probablement avoir un élément de contrôle sur le résultat de l'opération, ce qui ne serait pas vrai pour une stratégie passive d'investissement dans des actions publiques ou dans l'immobilier. Atteindre deux résultats positifs de ses deux premières entreprises aura donné à Musk une confiance inégalée dans sa capacité à investir et à fonctionner, cela lui semble juste.
Lorsque des informations ont été divulguées dans les documents judiciaires concernant le divorce de Musk en 2010, il est apparu que plus tôt dans l'année, Musk était à court d'argent. Son appétit vorace de continuer à investir dans ses entreprises a fait que, malgré une richesse en papier importante, ses liquidités étaient minimes. En 2008, lors de périodes difficiles chez Tesla, il a même concocté son prochain financement en transférant immédiatement le produit de la vente d'Everdream (l'un de ses investissements réussis) directement dans le prochain tour de Tesla.
Il résume sa philosophie comme suit: "Si je demande aux investisseurs de mettre de l'argent, alors je sens moralement que je devrais aussi y mettre de l'argent… Je ne devrais pas demander aux gens de manger dans le bol de fruits si je n'ai pas moi-même été disposé à manger du bol de fruits."
Une stratégie payante : Tesla intégrera le S&P 500 le 21 décembre 2020
Tesla rejoindra l'indice S&P 500 le 21 décembre, après avoir enregistré cinq trimestres rentables consécutifs.
Tesla est devenu éligible pour rejoindre le célèbre indice en juillet, après avoir présenté quatre trimestres rentables consécutifs pour la première fois en 17 ans d'histoire.
Le S&P 500 suit les actions des 500 sociétés publiques américaines les plus précieuses. Les investisseurs l'utilisent comme un indicateur de l'évolution du marché global et peuvent investir dans des fonds de suivi S&P.
Tesla est sur le point de devenir la société la mieux valorisée à avoir jamais rejoint l’indice et sera probablement la 7eme plus grande société du S&P en termes de capitalisation, juste au-dessus de Walmart (whoa).
Aujourd’hui plus de 11T $ sont investis dans des fonds communs de placement et des ETF qui suivent le S&P 500. Ces fonds sont un peu comme des «smoothies» d'investissement, constitués d'un mélange d'actions différentes au lieu de fruits. Les gestionnaires de fonds devront désormais acheter des actions Tesla pour leur smoothie S&P, de sorte que les actions de la société ont bondi de 19% à l’annonce de la nouvelle. Attention, ces mouvements ne durent pas nécessairement longtemps.
Tesla pourrait bousculer le S&P ... Plus la valeur d'une entreprise est élevée, plus elle a de poids dans le Club. C'est pourquoi Apple, Microsoft, Amazon, Google et Facebook représentent environ 26% de l'indice. La valeur marchande de Tesla est le double de celle de Toyota, même si Toyota a livré 30 fois plus de voitures l'année dernière. Certains analystes indiquent que la série de bénéfices de Tesla et les livraisons record de 140 000 livraisons au dernier trimestre sont des signes de maturité. Mais il y a bien entendu des sceptiques pour affirmer que l'action historiquement volatile pourrait entraîner un risque pour l'ensemble de l'indice.
Si Elon doit se réjouir de ces succès en pagaille, il y a fort à parier qu'il soit en revanche très contrarié par la récente enquête (gratinée) de Vanity Fair où ses anciens collaborateurs se lâchent, décrivant un patron impitoyable et totalement frappadingue. Extraits choisis : « Il y a un niveau élevé de comportement dégénéré avec Elon. Il y a une profonde paranoïa, et toujours cette question : être avec lui ou contre lui. », « on ne savait jamais si c’était Dr. Jekyll ou Mr. Hyde qui arrivait au bureau », ou encore « tous ces types, j'ai passé du temps avec eux, Musk, Zuck, tous… Ils présentent tous des tendances de sociopathie totale et complète. Au plus profond d’eux-mêmes, ils n’en n’ont absolument rien à cirer de toi ou de moi en tant qu’individus. ».
Et si vous voulez en reprendre un peu, n’hésitez pas à vous abonner à son compte twitter (ici) où ses tweets quotidiens, souvent déconcertant eux aussi (je ne sais pas si je préfère son feed ou celui de Donald Trump…), font régulièrement sursauter les marchés et plus particulièrement l’action Tesla….
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Source image : détail d'une illustration de Peter Horvath